Notre Mygalomorphe septentrionale
Atypus affinis Eichwald, 1830 est largement répandue
sur le territoire français mais reste cependant peu commune
car présente le plus souvent dans des biotopes assez particuliers
et difficile à apercevoir.
Sa présence en Lorraine avait déjà été
confirmée avec certitude dans deux localités : à
proximité de Vexaincourt (88), dans le massif du Donon
(Vosges) et également sur les pelouses calcaires d'Arnaville
(54).
Le 30/06/02, j'ai pu observer la présence de cette Araignée
à plusieurs reprises au " Hammelsberg ", une
côte calcaire située sur la commune d'Apach (57),
à la frontière France/Allemagne. Les coordonnées
de cet endroit sont, en grades : 4,50 ; 54,96. La hauteur de la
colline atteint 353 mètres à son point culminant
mais les biotopes dont il est question ci-après sont situés
à environ 270-300 mètres d'altitude.
J'ai prospecté dans les pelouses calcaricoles sèches
situées sur le flanc sud de cette côte ; l'ensoleillement
de ce lieu est quasi-permanent, l'endroit est donc très
sec à cette saison.
La première " chaussette " de soie a été
trouvée un peu par hasard, car je ne cherchais pas cette
Araignée en particulier. Elle se trouvait contre le côté
interne d'une pierre assez plane d'environ 25 centimètres
carrés, sur une partie en pente raide de la pelouse mais
assez plane à cet endroit précis car proche d'un
sentier de promenade. La partie externe était d'environ
15 centimètres, la majeure partie étant donc cachée
par la pierre en question. La partie interne semblait s'enfoncer
très profondément dans le sol (plus de 20 centimètres).
Le diamètre du piège atteignait plus d'1,5 cm à
certains endroits. L'individu n'a pu être attrapé
car probablement trop enfoui dans le sol. La deuxième chaussette
était située juste à côté de
la première, mais de dimensions beaucoup plus faibles (8
centimètres externes, et diamètre inférieur).
L'individu s'y trouvant, immature, était de taille inférieure
à 10 mm sans les pattes. J'ai d'ailleurs dû creuser
pour l'apercevoir. Les deux autres pièges aperçus
étaient situés à une centaine de mètres
de là et plus, sur une partie en pente très douce
environ 40 mètres plus bas. Ils étaient situés
contre les parties internes de troncs d'arbre à terre.
Les dimensions des pièges étaient intermédiaires
par rapport à celles énoncées plus haut.
Ils semblaient abandonnés car percés par endroits
(l'observation en captivité montre que les individus réparent
leur piège quand celui-ci est endommagé). La fouille
du sol n'a dévoilé aucun spécimen, mais là
aussi la partie interne était profonde et le sol calcaire
où la rocaille est toujours plus ou moins présente
en sous-sol gênait les recherches.
Lors d'une autre sortie le 4/08/02, j'ai réussi à
trouver cet Arachnide dans un endroit similaire en Meurthe-et-Moselle,
sur une côte calcaire située sur la commune d'Ecrouves
à côté de Toul. L'altitude au sommet est de
368 mètres. Une pelouse calcaricole sèche parsemée
de buissons divers est également située sur le flanc
sud de cette colline, en pente assez abrupte. C'est là
que j'ai à nouveau pu apercevoir le piège de notre
Arthropode, à environ 300 mètres d'altitude. J'ai
ce coup-ci réussi à attraper l'individu s'y trouvant
; il s'agissait d'une femelle adulte d'une quinzaine de millimètres
qui venait de donner naissance à ses jeunes, ceux-ci étant
encore dépigmentés. J'en ai aperçu cinq car
les autres étaient malheureusement situés dans la
partie enfouie de la " chaussette " et je n'ai pu les
apercevoir. Je n'ai guère eu le temps d'approfondir mes
prospections à cet endroit, mais des recherches futures
devraient dévoiler d'autres spécimens. Les coordonnées
de ce lieu sont, en grades : 3,89 ; 54,09.
L'immature trouvé à Apach a immédiatement
été relâché après examen car
je pense qu'il faut tout de même limiter au maximum les
prélèvements de cette espèce ; la femelle
et les 5 juvéniles d'Ecrouve sont gardés en captivité
pour étude éthologique. Ils seront relâchés
par la suite, une fois ce travail terminé.
L'été semble être une saison plutôt
défavorable à cette espèce, surtout quand
on voit la sécheresse qui règne dans les biotopes
considérés. Le fait que peu de spécimens
n'aient été trouvé en surface ou à
proximité tendrait à confirmer ce fait.
Etienne Iorio
Remerciements :
-A ma compagne Emilie Girault
qui par chance adore la nature et m'a une fois de plus accompagné
lors de ces sorties.
Références :
-Simon E., 1892 : Histoire
naturelle des Araignées. Deuxième édition
; tome premier, premier fascicule. Librairie encyclopédie
de Roret.
-Hubert M., 1979 : Les Araignées. Editions Boubée.
-Jones D., 1983 (adaptation française par Ledoux J.-C.
et Emerit M., 1990) : Guide des Araignées et Opilions d'Europe.
Editions Delachaux et Niestlé.
-Masiac Y., 1995 : Bien connaître les Araignées.
Editions De Vecchi.
-Birat J.-M. et Rocanière C., 2001 : Observation sur Atypus
affinis Eichwald, 1830 en région Lorraine. Arachnides.
Bulletin de terrariophilie et de recherche n° 51. P. 1-2.
-Birat J.-M., 2002 : Observations sur Atypus affinis Eichwald,
1830 (Mygalomorphae, Atypidae) dans le département de la
Creuse. Arachnides. Bulletin de terrariophilie et de recherche
n° 53. P. 16-17.
Cette article,
écrit par Etienne Iorio, est tiré du bulletin de
Phyllie n° 13 (p29-30).